Page:Nantel - À la hache, 1932.djvu/227

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
225
LE MESURAGE

années, l’un d’eux, lorsque son bois était mesuré dans la forêt, coupait de minces lisières aux extrémités, juste pour y enlever les empreintes du marteau, et charroyait le tout, à plusieurs milles de distance. Le toiseur, confiant, remesurait le même bois. À cause de ces abus, tout bois ne peut être reçu que sur les lacs ou rivières aujourd’hui.

Un autre, décédé il y a cinq ans, avait un moyen encore plus original. Un jour de mars, Victor Marchand et Archie Elliott se rendent au lac Jérôme, pour y mesurer son bois. Aux premiers coups, l’assistant Elliott enfonce son marteau d’un pied, dans la pile, une bûche de 10 pouces de diamètre. Les cheveux lui redressent sur la tête. Il se tâte le bras, croyant avoir hérité soudain de toute la force de Samson.

Tout surpris, il gronde à son compagnon Marchand, au travail de l’autre côté de la pile :

— Vic, moa pas fait mal à toa ?… Moa fort hein ?… Moa pousse gros billotte sur toa…

Marchand riposte :

— Archie, tu as été assez longtemps loin de Saint-Michel pour ne pas avoir les bleus ?

Elliott se fâche et, prenant le manche de son outil à deux mains, il essaie un autre billot. « Bang ». Il enfonce comme le premier. Jetant au loin son outil il court à Marchand et apeuré cette fois il déclare :