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LES VALADE

— Merci, L’Épicier, vous m’en vendrez une livre ?

— C’te affaire ! Ben sûr… À ct’heure, puisque vous êtes un nouveau icitte, j’vas vous parler un p’tit brin de Clément Valade… Vous serez moins surpris quand vous le verrez. Y vient le samedi, des fois, pour changer une fesse d’orignal avec d’autres provisions du store… Depuis dix ans que j’viens icitte me gagner un beau cent piastres par mois, en plus d’là nourriture, afin d’attendre les récoltes, j’ai ben connu Valade… C’est d’abord un giant de six pieds qui pèse 250 livres, tout compté… Y a déjà assommé un ours avec ses poings… Si vous voulez être bon avec, ne le contrariez jamais… En politique comme en religion, soyez d’son bord… C’est ça le plus important… Y vous dira comme à tout le monde qu’il a vu Wilfrid Laurier monter au ciel… Admirez-le, dans c’temps-là… Y vous demandera de l’invoquer : « Saint Laurier, priez pour nous… » dans vos prières… Dites que oui… Ce brave homme y s’confesse à Dieu, tout haut, dans un coin d’son île, où y m’a fait installer ane croix de fer, dans un arbre creux… Vous savez, y vient des missionnaires ben rarement, icitte.

Inutile de dire que j’écoute de toutes mes oreilles. Le conteur tue un « maringouin », gon-