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À LA HACHE

Les opérations du lac Croche et celles de la rivière du Long, les plus importantes, lui sont destinées. Ses hommes l’aiment beaucoup, quoiqu’il ait une physionomie sévère et ne cause que rarement. Boisvert a un patois distinctif : « Tabarnac », qui donne une force nerveuse à sa conversation. Depuis l’âge de 15 ans, ce coureur des bois travaille dans les mêmes régions. Il saute un rapide debout sur un billot, et conduit les barges lorsqu’il y a danger pour ses rameurs, découvrant les roches cachées, à la couleur de l’eau.

« Fardina » ne se déshabille que le samedi soir, pour prendre un bain, n’ayant pas le loisir d’enlever même ses « chaussons » durant la semaine. Ce brave est né à Grand’Mère et aime à relater que le bien paternel se trouvait au centre de la ville actuelle, créée, en partie, comme Trois-Rivières et Shawinigan-Falls, avec les réserves des forêts du lac Clair.

Chacun aime à le voir marcher. Quelle souplesse de tigre dans tous ses mouvements. Ses pieds effleurent à peine le sol. On conçoit bien chez lui une pratique de 25 années à courir sur les bûches flottantes. Et chacun de ses pas le soulève presque de terre.

Boisvert n’a peur de rien. L’automne dernier, il a transporté le cadavre d’un homme tué à la chasse, seul dans son canot, depuis les sour-