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L’ÎLE VALADE

lias L’Épicier… le veinard… quelle fière épouse il aura…

Le petit lac Clair est traversé dans vingt minutes. Une pointe à contourner, puis nous sommes arrivés.

Le chien nage à cinq pas du canot. Il souffle avec force, gueule ouverte, langue tombante, imitant un petit moteur qui tousse dans l’eau.

Je sens le sable grincer sous moi. Ernestine est déjà sur la batture et, d’une main adroite, plante son aviron dans la vase. Elle me présente l’autre, que je presse, pour débarquer gauchement. Une racine me fait trébucher.

— Vous n’avez pas encore l’habitude du canot, dit-elle, en se penchant pour cueillir une marguerite.

***

L’île Valade a la forme d’un croissant. Les bourrasques d’automne, plus tenaces, en ont rongé le milieu, du côté nord. Les vagues, aidées par les siècles, ont soulevé peu à peu, en la repoussant, cette partie exposée. Une falaise de vingt pieds s’accroche aux granits des deux pointes. Les promontoires sont coupés de rouille, soudure implacable et du fer et du temps.

La rive sud déroule une pente douce venant se confondre avec l’eau verdâtre, endormie