les indiquent encore, cependant, la ténacité nerveuse des femmes toutes consacrées à la race. Elle a des yeux verts, couleur d’une eau calme après l’orage. La cendre des années saupoudre avec acharnement dans ses cheveux. Une robe noire recouvre cette momie des temps héroïques. Les poignets et la gorge disparaissent sous une dentelle de pensionnaire au couvent.
— Bienvenue à vous, Mussieu… prenez donc un siège…
Elle approche un fauteuil bourré de laine.
Une seule pièce constitue le cénacle de la magnifique famille. Vaste et propre, tout y respire la vie simple. Dans un coin, lit en cuivre, au-dessus duquel brillent trois images : la Sainte-Famille, sainte Thérèse et Laurier. Des chandelles brûlent dans trois crânes de castors, arrondis comme des oranges. Un couvre-lit multicolore s’étire dans l’ombre, unissant ses carreaux de serge, étoffe, coton et laine, aux plis du fer, sur les oreillers, amont le mûr.
Un autre coin de la pièce est séparé par deux draps suspendus et cachant une couchette. La fenêtre jette une lumière neigeuse sur ces toiles empesées.
Ernestine est maintenant dans sa chambre. Un bruit de coffre ouvert, un froissement de lingerie, un parfum de lin, s’évade des rideaux