Page:Nantel - À la hache, 1932.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
65
LES ÉQUIPES SE FORMENT

— Douze tablées et deux cents tartes, crie le cuisinier, en s’essuyant le front, encore rouge de la chaleur des poêles.

Des grappes humaines s’accrochent aux wagons. Sur les roues, la glaise sèche déjà. Tous s’emparent de leur bien.

Ici encore, se dégage une grande leçon. Avec quel respect, chaque homme place l’humble garde-robe, autour du lit rugueux, en attendant le départ prochain.

C’est un jouvenceau de 18 ans, Arthur Leduc, qui montre un portrait à son voisin, gamin imberbe, mais solide.

— Quins, regarde, c’est Marie-Rosa, ma future, la plus vieille à Pierre Maheu… Pas vrai, qu’elle est ane belle baquaise ?…

Un autre, Émile Trudel, cache avec soin les « chaussons », tricotés avant le départ

— Vous en avez pas des pareils, vous autres, les gars. Mémére est la championne tricoteuse de tout l’rang… Et jusqu’au curé qui vient se faire monter des bas…

Dionne Desrosiers place sa chemise des dimanches sous l’oreiller, afin qu’elle garde ses plis. Ensuite il tire des pièges à rat musqué de son sac, les ouvre sur un genou.