Page:Nantel - À la hache, 1932.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
75
LES AMOUREUX DE LA FORÊT

de l’Église, écourtinés. Peu importe, le bon Dieu n’est pas sourd.

D’une voix plus grave, Tiffault commence le « Je confesse à Dieu ». Se donnant des coups à la poitrine dignes d’un Corbett, il s’écrie :

— Par mon frère !… par mon pére !… par mon grand-pére !…

Sublime naïf !…

Le Christ a dû sourire amoureusement à ton appel. Il sait que tu lui as donné seize enfants, dont un prêtre et trois religieuses… Et, au grand livre de Justice, c’est Lui qui t’invitera dans son Royaume, en disant : « Par ma faute, par ma faute, par ma très grande faute ! »…

La nuit est maintenant complète chez les vieux. Dix brûle-gueule jettent une pâlotte lueur au-dessus des couches. Tous ces géants parlent à voix basse.

— Tu sais, Jos. Parent, j’ai acheté ane autre terre à Mont-Laurier… Ça m’en fait cinq à présent… Le curé Labelle me l’avait ben dit : « Jos, marie toé, pis monte sus la Lièvre, c’est là ton avenir…

— T’as raison, Poitras. Moé j’en ai deusses extras, dans Saint-Jacques, là ousque les curés Maréchal y ont fait tant de bien. Le tabac y vient fort et gras. J’peux garder ma famille autour d’là table…