tisante ces temps-ci, et elle nous donnera une tasse de café, et puis vous verrez ma bru ! Vous ne la connaissez point ! et deux beaux petits Quoniam nés depuis quatre ans, et dà, chacun s’y accorde à dire que nos petits-enfants y sont point vilains, ni sots… »
Ferdinand devait seulement s’embarquer en décembre, sur la Minerve, bâtiment amiral destiné à la station du Levant ; c’était là une jolie campagne, avec deux mois de congé en perspective, dont les habitants des Pins jouirent délicieusement. Ils firent de charmantes promenades à pied et en voiture dans tous les environs, à Biville, à Saint-Waast, à Cherbourg et au delà. Mais il était bien rare que l’on ne revînt pas coucher au manoir : il semblait à tous que le bonheur n’eût pas été complet loin du vieux nid.
Après le souper, autour d’un grand feu clair et gai, quelles douces causeries entremêlées d’histoires, récits de voyage surtout, dont Paul ne se lassait pas. Mme de Résort et Marine travaillaient à l’aiguille, tandis que Ferdinand ou son père entamaient une longue narration, à laquelle tous s’intéressaient également.
Un soir, c’était le tour du grand frère. « Raconte-moi de l’Inde, » lui avait demandé Paul, et Ferdinand s’exécuta de bonne grâce.
« L’Iéna, dit-il, venait de mouiller devant Bombay, une des plus grandes villes de l’Inde, située dans une île et peuplée d’environ neuf cent mille habitants. La rade et le port en sont superbes, nous étions émerveillés, je t’assure, et les heures du service nous paraissaient un peu longues, tant était grande notre envie de courir au milieu de cette cité étrange. Les officiers anglais nous accueillirent tous d’une manière charmante, et, aussitôt libres, le bord ne nous voyait guère.
« Un camarade et moi possédions des lettres de recommandation pour plusieurs hauts personnages anglais et ceux-ci nous firent visiter tout ce qui leur fut possible de nous montrer en deux semaines, les ruines, les cimetières hindous, la ville noire, les pagodes, etc. Un jeune officier du génie, M. Harry Keith, organisa à notre intention une très curieuse promenade à Ellora dans le Decan, et, afin de nous faire profiter de cette bonne fortune, le commandant de l’Iéna accorda quatre jours de permission, à trois élèves et à moi.
« Par une jolie brise, nous nous embarquâmes un matin dans un brick appartenant au régiment du génie. Tu juges si nous étions joyeux ! Débarqués à Aurengabad, nous y trouvâmes des chevaux excellents, car, pour arriver au but de notre course, nous devions gravir et traverser les Ghatts, montagnes qui bordent la mer en arrière de l’île où se trouve Bombay. Le pays est merveilleux, la route creusée dans les rochers traverse une forêt près d’Ellora ; là en lon-