Page:Narrache - Jean Narrache chez le diable.djvu/64

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contre, les Américains escomptent bien que l’attaque des Russes au Canada leur donnera, à eux, une chance de se défendre. »

— « Tout cela est fort possible. »

— « Remarque que je ne songe pas un instant à mettre en doute le courage et la valeur de nos marins, de nos aviateurs et de nos soldats. »

— « Je t’approuve tout à fait. Mais, alors pourquoi vos gouvernants ont-ils permis tout ce gaspillage ? »

— « Tout simplement, mon vieux, pour donner aux grosses compagnies, qui alimentent la sainte caisse électorale, une merveilleuse chance de se faire des fortunes à vendre du matériel de guerre inutile. »

— « Encore les gens de la haute finance ! »

— « Et parce que cela les paie, nos grands financiers ont fait de nous un peuple de parvenus qui joue à la grande puissance. Nous sommes membres de l’ONU, nous envoyons nos soldats en Corée, en Allemagne et au diable vauvert, pourvu que cela fournisse encore d’autres contrats d’équipement, etc., etc., etc. »

— « Vos fameux gouvernants ne s’aperçoivent donc pas que les financiers rançonnent le pays à leur avantage et à leur profit ? »

— « Qu’est-ce que tu veux que cela leur fasse ? Songe à tous ceux que cela rend heureux et satisfaits. Compte ce qu’il nous en faut de députés, de sénateurs, de subalternes de toutes sortes qui, même en faisant tout leur possible, sont incapables de travailler réellement pour le peuple, parce que c’est toujours la haute finance qui domine. C’est pour cette haute finance que nous nous saignons à blanc. »