Page:Narsy - Sanguis martyrum, paru dans le Journal des débats, 05 août 1918.djvu/5

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n’en serait-elle pas épuisée, si nous ne devions voir en eux que les témoins de temps révolus, des êtres d’exception, les modèles de vertus inaccessibles ? Gardons-nous de les envisager ainsi. Ces saints, ces héros furent des hommes avec tous les entraînements et toutes les faiblesses de notre commune nature ; ils nous ressemblent même quand ils nous surpassent et les générations qui vénèrent leur exemple ne sont point dispensées d’en renouveler l’héroïsme : « les martyrs ne sont point des ossements poudreux enfouis dans les niches des catacombes, ou dans les auges de pierre des nécropoles. Leur sang est une vivante semence qui doit fructifier jusqu’au dernier jour. Leur geste se renouvelle indéfiniment » ; il y a, pour l’humanité, une « loi du sacrifice », une « nécessité périodique du martyre, c’est-à-dire du témoignage en faveur de la justice et de la vérité ».