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II



Les yeux encore pleins de grises visions :
— Toits sombrement luisants massés en osts énormes
Bombant contre le ciel leurs boucliers difformes,
Lames d’acier de minces horizons,
Balcons suspendant leurs grilles de cimetière,
Trouble eau de vitres où miroite du mystère,
Fils vibrants et muets où glisse le Destin,
Railleusement tendus en lyres fantaisistes,
Remous lassés de lentes foules tristes,
Jour de limbes si pâle et comme si lointain ; —
Après des mois, des ans, de songe nostalgique
L’ « isolé » se réveille au grand souffle magique
De l’Océan qui chante et roule sous l’éther :
— Le dolent crépuscule est divinement clair