Page:Nau - Au seuil de l’espoir, 1897.djvu/15

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Les troncs d’écorce fauve écaillés d’or gemmé ;
Et le dernier rideau de verdure flottante
Se plisse en ondulant et vacille, — allumé
Par l’ocellement vif de la vague flambante.



Le château qui devait apparaître — surgit
D’un bouquet de genêts soufrés et d’églantines
Incarnadines, dont le feu rose rougit
Auprès de la pâleur bleuâtre des glycines :
Pacifique manoir, sans herses et sans tours,
Qui chauffe au bon soleil ses pierres mordorées,
Abris tièdes, chers aux fleurettes bigarrées —
Et baigne au flot ses murs inoôensifs et lourds.
… Après, — c’est la douceur des lentes découvertes
Dans l’inculte jardin broussailleux de rosiers :
Des herbes d’argent mat hérissent les sentiers
D’où file un froissement soyeux d’ailes alertes :
D’antres floraux cachés sous les massifs croulants
Soufflent de forts parfums sucrés, comme brûlants
Qui semblent répandre, en exquise inquiétude,
Une trop capiteuse essence de bonheur
Et comme exaspérer une musique rude
D’insectes, — tournoyant orchestre bourdonneur.