Page:Nau - Au seuil de l’espoir, 1897.djvu/17

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Voici qu’une prairie aux vagues prismatiques
Où des gramens géants houlent sous le jour cru
Submerge les vieux troncs de pommiers fantastiques
Dont les branches, — tels des reptiles écailleux
Surgis par bonds grouillants des herbes bruissantes,
De macabres chevaux cabrés et furieux
Ou d’absurdes guerriers à poses menaçantes
Se profilent sur un llano de cauchemar.

Avivé des soleils rouges des capucines,
Un faune décrépit, malignement camard, —
Yeux plâtreux fin-clignés, narines en douanes,
Pommettes étirant le rictus craquelé, —
Raille ces beaux décors de romans d’aventures :
Mais le nouveau-venu, dans le charme exhalé
Par l’air tiède frôlant les sachets des verdures,
Songe à d’autres regards, magiques mais éteints,
Où se mirèrent les savanes et l’eau triste
Et, dans la nuit des bois, les paillons des lointains ;
Aux lèvres closes dont le sourire persiste