Page:Nau - Au seuil de l’espoir, 1897.djvu/42

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Aux rares meubles qui sont presque des amis :
Qu’il vit ailleurs, brillants d’une bourgeoise aurore
Et qu’il retrouve doux, fanés, comme blêmis.
Au divan de rotang tressé de Bengalore
Ou du Coromandel ; au fauteuil à semis
De roses naines dont les graciles pétales
S’effacent, éraillés dans le tissu blafard, —
Papillons morts tombant très loin dans un brouillard,
A la table de faux santal, aux nacres pâles,
Dont le tiroir gardait ses livres préférés,
Et qui boîte, les pieds gonflés de vieilles pluies,
Tordus, rongés et leurs sculptures en bouilli,
Vraiment à plaindre, avec ses membres perforés, —
Tant la ruine semble humaniser les choses,
Ajouter de tristesse à leur ennui muet
Et même de souffrance à leurs métamorphoses î !
— Pensif, il reconnaît jusqu’au bronze fluet
Dont le socle verdi cachait la clef menue
Qui dort encore, — comme attendant sa venue, —
Un peu rouillée en son sachet de velours noir :

Voici reliés de souple maroquin mauve, —
Tranche « pensée » avec un givre d’argent fauve,
Signets d’hyacinthe, — une améthyste au fermoir, —
Maîtres qu’elle aimait pour leur mélancolie
Et qu’elle appelait ses « poètes violets » :