Page:Nau - Force ennemie.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que « de la saleté » ! Je suis grossier, mais juste. Me vois-tu sous la forme d’une vieille femme hystérique, anémiée, douloureuse, geignarde, vivant tout juste par habitude ou par entêtement, d’un névropathe dont le corps ne serait qu’un clavier à souffrances ou d’un valétudinaire, demain candidat à la concession perpétuelle ?

» Je me résignai à partager. Or, d’un pôle à l’autre, je ne sus rencontrer, même parmi les « mabouls » comme toi, aucune âme aussi dénuée d’énergie, aussi molle, aussi loque que la tienne…

— Tu me flattes, mais tu exagères…

— Un peu. Mes recherches n’ont peut-être pas duré autant que je le dis ; mais au point de vue de la débilité mentale tu étais à point. Par contre, tu n’étais pas dépourvu de tout ressort physique ; loin de là. Malade imaginaire, soit, mais pas invalide pour un sou. (Jolie expression financière, — entre parenthèse, — que je déniche dans tes magasins cérébraux.) Je te crois assez bon garçon et me figure que nous pourrons nous arranger ensemble. D’ailleurs, tu es si torpide, si veule, (ton nom de Veuly, certes, est peignant et te sied bien !) — que je serai volontiers moins méchant envers toi qu’envers un autre. En voilà assez pour ce soir, n’est-ce pas ? Tu sais qui je suis, d’où je viens, pourquoi j’ai loué une chambre chez toi. J’ajoute que je tâcherai de déménager dès que je croirai trouver mieux. Je veux étudier la vie terrestre et en jouir le plus possible ; aussi le logement que tu m’offres