Page:Nau - Force ennemie.djvu/117

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de voir et d’entendre comme lorsque j’étais incarné.

Presque à la même seconde j’aperçois, couchée dans son lit, ma « princesse », les yeux révulsés, le rose clair de son visage devenu rose-thé, ses fines dents blanches découvertes, — on dirait grinçantes, — ses lèvres bleuies étirées par un rictus farouche. Elle est encore belle mais presque effrayante ! Le Dr Froin et une gardienne causent debout à son chevet :

— Ah ! monsieur le Docteur, vous savez bien ! Chaque fois qu’il y a cris la nuit, elle est comme çà le lendemain. Les autres se remettent tout de suite. À deux heures du matin elles faisaient un charivari d’enfer et — aussi vrai que je m’appelle Célestine Bouffard, au moment du petit déjeuner vous les retrouviez varmeilles, souriantes et pleines d’appétit. Mame Letellier, elle, ça lui donne une de ces crises « qu’il lui faut la journée entière pour s’en sortir ». C’est pas qu’elle s’exaspère plus que les autres. Elle donnerait de la voix plutôt moins que ses collègues ; maintenant, il est vrai de dire qu’elle, les rares fois que ça la prend, ça fait grémir. C’est aigu comme une lame de paugnard et ça vous fait dans le dos « comme si que ce serait une scie qui vous passerait sur les noyaux de la colonne

— Musique d’Auber, fait un baryton trop connu… Je découvre le gracieux Bid’homme assis sur un fauteuil et caché jusque-là par la large carrure et