Page:Nau - Force ennemie.djvu/136

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plutôt, pénètre, par des interstices, dans le fiacre : Le véhicule est vieux, tout disjoint ; le bois des portières joue, la capote doit être crevassée. La mère Charlemaine grelotte dans sa robe qui ne sèche pas ; mon gardien est d’une humeur affreuse. Plus tard, quand la nuit tombe, c’est bien pis. Les arbres qui défilent devant les vitres prennent des formes monstrueuses dont la folle s’épouvante ; l’eau commence à tomber dans l’absurde guimbarde ; des gouttes lourdes et glaciales arrosent le front et les mains de la bonne femme qui crie de saisissement. Le splendide chapeau-melon n’est plus à l’abri, le journal reçoit plus d’une éclaboussure. Léonard se remet à jurer et la mère Charlemaine recommence à sangloter. De loin en loin de troubles lumières rouges disent que l’on traverse un village ; et des chiens hurlent. Robidor rafraîchi par l’ondée se décide à presser un peu son cheval et la voiture se comporte comme une barque par forte houle.

Enfin, vers huit heures et demie, on dépasse le bourg de Vassetot et le fiacre stoppe devant une grille. Le cocher descend de son siège et sonne ; la grille s’ouvre et le triste char roule bientôt sur le gravier d’une large allée.

Robidor et Léonard débarquent la mère Charlemaine, la maintiennent vigoureusement entre eux deux et, dans la traversée du vestibule (le voisinage de la Direction agissant sur eux) — affectent tout à coup le zèle répressif d’une paire d’argousins ramassant un gamin voleur de pruneaux. C’est en rou-