Page:Nau - Force ennemie.djvu/157

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— Il n’y avait aucun moyen différent de me faire soigner ?

— Aucun.

— Je devenais menaçant, dangereux ?

— C’est mon principe qu’il ne faut rien exagérer. Tu n’as jamais été dangereux que pour toi-même.

Il hésite un peu en disant cela. Il me cache quelque chose — et ce ne peut être par délicatesse, car je connais mon Roffieux, je le vois généralement tel qu’il est, — oh ! plein de tact et de scrupules. Les phrases en font foi, mais, mais… Enfin, il suit une idée qui m’échappe et qui doit le tourmenter, lui, car ses yeux oublient un instant de me troubler, de me confondre par l’insoutenable éclat de leur éblouissante franchise. Ils ressemblent maintenant à des yeux de vieux klephte aux prises avec le classique mais réticent touriste volontairement oublieux du nom et de l’adresse de son banquier.

— Tu ne te souviens de rien de particulier le jour de la dernière excursion à Dieppe, — de rien pendant la semaine qui a précédé ? me dit-il d’une voix insistante qui me fait penser à celle de Bid’homme. Il ne te revient à la mémoire aucun détail de ta conduite qui ait pu m’inquiéter, me contraindre à prendre de promptes mesures pour te protéger contre toi-même ?

— Je ne me rappelle absolument rien sinon une querelle assez futile avec toi et il me semble bien