Page:Nau - Force ennemie.djvu/253

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reusement, rouvre les doigts. Je dis « malheureusement » parce que ces doigts se referment à l’instant même, sur un trop fragile dossier de chaise dont ils font des margotins.

Un peu calmé par cette très légère dépense de force, il me prend par l’oreille et se met à rire un peu nerveusement :

— Polisson ! gredin, va ! Tu sais que je ne suis pas pudibond, mais tu as de ces procédés !… Enfin cela ne me regarde pas et j’aime peu les gens vertueux. Le principal, c’est que tu sois ici. Je vais écrire à ce Le Lancier que je t’ai chez moi, que je te garde et que je l’emmielle. Il ne va pas m’envoyer les gendarmes pour te reprendre, n’est-ce pas ? Tu ne retourneras à Vassetot que si tu le demandes à genoux, — et en pleurant, encore !

— Oh ! sois tranquille !

— Allons ! Tu es en bonnes dispositions. Viens déjeuner ; tu dois crever de faim.

Je demande d’abord à me laver, à changer de linge, à me brosser. En dix minutes c’est fait.

Je suis « tout à la joie » : Le corridor décoré, comme le salon, d’étoffes et d’objets exotiques, encore un vrai bric-à-brac, me paraît beau comme une galerie de palais indien.

Dans la salle à manger claire, des cristaux rient. J’exulte d’être libre, à l’abri chez l’un des miens pour lequel je ne suis plus une sorte de réprouvé uniquement intéressant au point de vue médical. Ici je suis aimé, choyé, les Le Lancier et les