Page:Nau - Force ennemie.djvu/302

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cœur, ton adorable cœur, battre contre le mien !

Mon exaltation dure peu : Je me souviens tout à coup qu’il me reste une odieuse corvée à faire. Il est indispensable que j’aille trouver M. Cash et Nothingelse, banquiers, et leur demander tout ce qu’ils ont à moi, argent et valeurs. Je veux promener ma « princesse » par toute la Terre jusqu’à ce qu’elle ait trouvé un royaume de quelques hectares à sa convenance, dans tel pays follement bleu.

Cash et Nothingelse ont leurs bureaux sur la Rive Droite, — par bonheur pas trop loin des ponts. Je me présente à la caisse de ces remueurs de métaux franco-yankees (les métaux et les gens), — décline mes nom et prénoms, remets des papiers justificatifs et réclame tout, tout ce que la maison de banque détient pour mon compte. Un gentleman, irlandais de type, mais possesseur du plus nasillard accent, du plus antimusical « twang » du Kentucky, compulse quelques registres, prend une très petite feuille de papier, griffonne une plus petite addition, ouvre un tiroir, en extrait des billets bleus, quelque monnaie d’argent et même des sous — et me met sous le nez la somme de Trois cent douze francs quarante-cinq centimes !!

Ma fureur muette, puis mon ahurissement n’impressionnent en rien le sous-financier transatlantique. Il m’explique avec gravité que ce qu’il vient de faire serait très irrégulier si « mon conseil judiciaire, Mossiôw Roffiôw », n’avait pas dit que je pouvais toucher cette somme (il dit : « cette chose »