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IV

Onze heures du matin. Je sors de chez M. Onésime Bourdon, propriétaire de la ligne des Clippers antillais.

Ce notable commerçant m’adresse au capitaine Le Coatmabergastmelen commandant le trois-mâts Augustine Bourdon qui part dans deux jours pour la Pointe-à-Pitre (Guadeloupe).

Comme je vais m’engager dans la rue du Chilou pour gagner le quai, j’aperçois sur le boulevard de Strasbourg deux silhouettes qui me sont trop peu inconnues. Malgré moi, je ralentis le pas. Mes silhouettes s’arrêtent devant la Grande Poste, puis se remettent à marcher et se rapprochent de moi tout doucement… Je vois bien qu’Elzéar et Raoula ne s’attendent guère à la surprise… que je ne leur avais pas ménagée.

Kmôhoûn exulte : « Fiche-leur donc une trempe à tous les deux ! » ricane-t-il. — Un instant, je suis sur le point de suivre ce conseil, car Elzéar est tellement rayonnant de bonté, son visage est si beau de rude et mâle franchise, ses yeux brillants disent si bien : « Je suis le sévère mais béat justicier », qu’il attire le horion comme le fer attire la foudre.