Page:Nau - Force ennemie.djvu/313

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en me débarrassant du dangereux métal. Comme cela je ne volerai pas la Compagnie des Clippers Antillais, — car vous savez d’avance que je ne remettrai jamais le pied à bord du trois-mâts dès que j’aurai pu opérer seul une petite descente sur le souriant rivage qui s’infléchit là-bas en croissant vert.

Non que l’on m’ait mal traité sur cette bienheureuse Augustine Bourdon. Le Capitaine est décidément un brave homme, parfois quinteux, mais en général rempli de mansuétude, quelle que soit sa férocité verbale.

Malheureusement, les autres voiliers ont déjà raflé toute la récolte de la colonie et ce n’est pas en allant charger du campêche en Haïti ou ailleurs que j’aurai la moindre chance de pacifier ma petite princesse et de gagner « les sommes » dont j’ai un absolu besoin si je veux l’enlever convenablement.

Et tandis que Le Coatmabergastmelen s’impatiente un peu injustement contre le Médecin retenu par deux maudits bateaux morutiers qui apportent de Terre-Neuve — en plus de leur odorante cargaison, — l’influenza et la pneumonie infectieuse, je repasse les souvenirs de mon étrange traversée, tout en m’extasiant, avec Kmôhoûn, sur l’incroyable beauté du paysage caraïbe, vert de tous les verts dans le bleu diaphane, tout frémissant de profondes végétations, aigretté des hautes palmes luisantes des cocotiers, — sur la grâce de la longue ville polychrome nonchalamment étendue sur les dernières