Page:Nau - Force ennemie.djvu/330

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len, ces sales Parigots, c’est tout le temps à naviguer dans des espèces de boîtes à savon entre la Morgue et… l’Opéra (!!)

Mais ce n’est pas le moment de relever des erreurs géographiques, même grossières comme celle-là. Le Capitaine me laisse aller, — c’est le principal ; il fera un autre jour ses excuses au maire du IXe arrondissement.

La nuit est d’un splendide bleu sombre velouté, les étoiles semblent sourire à leurs images dans l’eau calme.

Je descends rondement l’échelle, détache le youyou et, sur un liquide ciel nocturne où des rayons d’astres, par un frisson de houle, zigzaguent brusquement comme des éclairs, je « nage » vite, vite, vers les « accores ». J’ai aperçu mon « crieur » qui répète son appel infatigablement, jusqu’à la seconde où l’étrave de la barque touche terre à un mètre de lui.

C’est un vieux monsieur très noir, de physionomie respectable et paterne. Il me sourit, bénignement, au clair d’étoiles. Je lui tire mon chapeau et lui dis avec une extrême politesse :

— Vous seriez infiniment bon, Monsieur, de m’attendre cinq minutes. Je suis chargé par le Capitaine d’aller chercher deux litres de rhum chez Mme Cambyse, en face de la gendarmerie du Mouillage.

— Allez, allez, mais faites vite, mon ché. Il faut que je voie votre capitaine pour une affaire in-