Page:Nau - Force ennemie.djvu/345

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Irène a vu la lame briller. Ses yeux expriment une terreur infinie — et, tout à coup, tant de douceur suppliante ! Mais redevient-elle folle ? Voici qu’elle me passe un bras autour du cou et m’écrase, me brûle les lèvres, — de quel baiser ! — Ah ! je comprends : la « drôlesse » veut se sauver en se « prostituant ». Elle aimait mieux mes violences de là-bas ; c’était plus gai ! — Et je lui mords la bouche jusqu’au sang !…

Mais brusquement tombe ma frénésie. Une vraie, une délirante pitié s’empare de moi, me bouleverse, me navre d’une peine si aiguë que j’en hurle presque…

Car le néfaste Kmôhoûn, le glaçant fantôme évocateur de l’Astre Rouge, du lointain globe de sanie, vient de s’élancer hors de moi, de me délivrer de sa présence « à jamais », a-t-il grondé (je crois l’avoir, cette fois, matériellement entendu).

Part-il heureux de m’avoir conduit où il devait me conduire : à l’infamie des infamies, — ou l’ai-je horrifié par ce crime sans nom qu’il a voulu et que je viens de commettre, en rendant morsure haineuse pour baiser, — forfait peut-être sans exemple dans l’histoire des Mondes ?