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Page:Nau - Force ennemie.djvu/54

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V

Les colères de Léonard ne sont pas éternelles. Il se contorsionne le faciès en une abominable grimace qui donne à l’un de ses yeux l’apparence d’un nombril enfantin dessiné de travers, remonte jusqu’aux cheveux le sourcil correspondant, gonfle une joue d’une chique monumentale et creuse l’autre d’une fossette….. où tiendrait un petit savon ; puis il prononce :

— Y m’payera ça plus cher que chez l’phormacien mais j’suis pas là aujord’hui pour faire la course au cocher. ’Faut d’abord obéir au Dr Bid’homme.

Nous reprenons notre marche et allons sortir du terrain de chasse du prophète quand nous sommes accostés par un grand escogriffe d’une cinquantaine d’années, maigre et barbu, de mine importante, qui nous déclare à brûle-pourpoint qu’« il est gentil, bon garçon et tout ça » mais qu’il ne tolère pas qu’on s’offre sa tête.

— Quoi c’est encore qui vous mord, Loiseleur ? interroge Léonard.

— Vous savez où est ma femme, mon drôle, — et vous la cachez pour me la lancer aux trousses au moment le plus inopportun ; je n’aurai pas le