VIII
J’ai dormi assez longtemps. Ce n’est plus la grande flamme blonde des heures chaudes qui illumine ma chambre : un rayon de topaze faible, comme venu de très loin, joue doucement sur les boiseries vernies ; le verre commun où j’ai bu a l’éclat prismatique d’un énorme diamant voilé par une gaze très fine…
La grosse clef a dû tourner dans la serrure, un écho de ferraille bruit encore dans la pièce ! Maintenant j’entends grincer le second tour du claveau, comme dit Léonard ; je vois s’ébranler l’épaisse plaque de chêne de la porte — qui livre passage à un gentleman que je ne reconnais pas tout d’abord, à un souriant gentleman en costume de soirée, — Dieu me pardonne !
Une fausse note, toutefois ; cet élégant mondain a les jambes prises jusqu’aux genoux dans des bottes à l’écuyère munies d’éperons, — d’aveuglantes bottes qui jurent comiquement avec le gilet blanc, l’habit à queue d’hirondelle et le « claque » tenu à bout de bras par le visiteur, — comme un bouquet offert.
On prendrait ce personnage pour un patron de cirque se disposant à présenter un cheval dressé,