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Page:Nau - Hiers bleus, 1904.djvu/115

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HIERS BLEUS

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Cottages enfouis dans le repos vert,

Songes en des limbes d’opale,

Entre le réveil des géhennes matinales,

Dur et poignant comme le fer

Et le’cauchemar de ténèbres foisonnantes,
De confuse horreur, d’engouffrement noir!

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Les steamers charbonneux, à l’ancre,

Se bousculent sur des bouillonnements de poix
Grondante

Le fleuve est un vomissement géant de nuit.
0 les milliers d’yeux des maisons de suie
Allumés sous l’immobile voile bistré,
Des maisons qui se tassent comme effarées,
Troupeau captif de quel tragique ennui ?
Yeux voyants d’un monde humainement invisible,
Guettant avec un affreux plaisir

Dans les bourbes tumultueuses s’engloutir
Les libres reflets des espaces libres.

Rhoda, sweet Rhoda, mon éblouissante amie
Aux cheveux de couchant vermeil,

Le vieux fleuve d’atre sanie,

Ce torrent de désespérance dont la vue
Fait rouler tous les Styx dans mon être éperdu,
Devrait s’épancher en des nappes de soleil,