CHOSES MORTES
La brise des rues claires, l’âme des jardins,
Des jardins de fleurs et de femmes.
Pleine de parfums pâtes, bruns, incarnadins
Qui ravivaient tant de souvenances amies,
Est maintenant le souffle de gorges affreuses,
Noires du flux figé des laves
Dont les gigantesques vagues silencieuses
Charrient lugubrement d’immobiles épaves.
Sentiers de béry! sous les branches enlacées,
Edens glauques tintants des rires blancs des sources,
Nids de fraîcheur dans la grande brousse
Luisante et moite, baignée de bleu embrasé,
Vous êtes des ravins infernaux où se dressent
D’atres blocs tristement semblables à des corps
De femmes convulsées hurlantes de détresse
Ou de titans humains que la soufirance tord.
Maisons gris-bleu, maisons gris-rosé, maisons blanches,
Ou presque ambrées, un peu lilas, une idée mauve,
Cases des mornes sous des fleurs en avalanches.
Vos tuiles brisées fleurissent des chaos fauves
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