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Page:Nau - Hiers bleus, 1904.djvu/33

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HtERS BLEUS *5

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Des musiques vaguement entendues

Passent fugaces en lui, disant mieux

Que les paroles qu’il murmure confondues,

Ce qui veut pénétrer dans son cœur anxieux
Par les faibles sens qui naissent et qu’il ignore.
Mais voici qu’un doux air banl qu’il reconnait
Le ramène en-deçà de l’imprévue aurore

Vers hier qui déjà s’embrumait

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C’est loin du tiède jardin de lumière,

De luxueuse joie et de baumes errants

Que de hauts murs où se cramponne un maigre lierre
Font une demi-nuit sur des lilas souffrants.

Sous les sarments secs croule un lambeau de tonnelle
Où se perchent les oiseaux gris

Aux lamentations sempiternelles

Une obsédante plainte d’eau sur des débris

Amoncelés en roches affligeantes

Au prisme indigent dans tes pâtes rmous froide
Tinte et pleure et douloureusement chante.

Penchant leurs lourdes couronnes de rois,
En exil dans la pénombre humide,

Des soleils blafards sur leur tige qui jaunit
Cherchent inconsolablement leur dieu splendide.