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Vers la Fée Viviane


L’une de vous, — (fut-elle bien des vôtres ? —)
Savait conduire sa pensée de monde en monde
Et attirait mon débile esprit vagabond
Dans le sillage clair de ses ailes d’aurore,

Ou venait jeter des pétales inconnus,
Qui changeaient les mots en parfums et en musiques,
Sur les tristes écrits où je peinais, vaincu.

Et il me faut ouïr de vieux airs nostalgiques,
Subodorer de languides senteurs perdues
Aux limbes grisants des parfums évanouis,
Pour revoir, en de flaves gloires adoucies,

La fée blonde comme un rayon sur un sommet,
Comme un espoir de jour dans la poix des barathres,
Gardant, après sa longue errance par les astres,
Le charme poignant des anciennes Bien-Aimées…