Page:Nau - Vers la fée Viviane, 1908.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

VI

L’Eau du Large

Pour Henri Fauvel

I

Le pâle bassin vert, l’eau du large, endormie,
Qu’emprisonnent les dalles vaseuses,
Les fines flèches noires des mâts qui s’ennuient
De ne plus osciller en des fuites houleuses.

L’âcreté du goudron et des algues des rades,
Un bref frisson de brise fraîchement amère,
Introduisent au cœur de la ville maussade
L’inquiétude trouble de la Mer.

Quand des guibres aiguës brisent le miroir glauque,
Surgies de quels lointains, — visant quel inconnu ? —
La vie est plus morne, aux vitres des maisons hautes,
Du mirage des ailleurs entrevus.