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Vers la Fée Viviane

En la nuit bleue du dehors et le bleu silence…
Les bouts d’arbres des cours pareils à des gibets,

Le pouvoir de ces maîtres haineux qui les glacent,
La crainte de rester, oubliés, dans ces murs,
Leur feront, peu à peu, si le supplice dure,
Des âmes de vieillards lassés.

...................
Et, suivant dans le ciel un nuage qui vogue
Comme un voilier pâle — et qu’il ne reverra plus, —
Un enfant, le plus navré de tous, s’interroge :
« Ô saurai-je m’enfuir vers les pays perdus ?

Serai-je le petit mousse que l’on fustige
Et qui tremble d’horreur, accroché à la vergue,
Tandis que le haut mât tournoie, penche, s’érige
Et que la vague, l’aveuglant d’embruns, déferle,

Le mousse, ivre de rage et de peur, qui s’évade
En un port inconnu, sous les verdures noires,
Laissant tout le passé dans le bleu de la rade
Brillante encore, entre les palmes qui se moirent ?