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Page:Nau - Vers la fée Viviane, 1908.djvu/46

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Vers la Fée Viviane

Sur cette macule cendrée de l’Océan !
Voici les vivants serpents flous des fumées bises,
Vies de tristes foyers, que des yeux suivent
Jalousement — puisqu’elles vont mourir dans l’air !
Dans l’air éternellement jeune, dans l’espace
Toujours changeant, dans les vastes abîmes clairs.
Où tout se noie, espoirs déçus et pensées lasses !

Perdus le large et sa tragique liberté,
Ce sont les effrayants ravins sombres des rues
Où des misères matinales fluent,
Lentes, craintives, comme hébétées,
En rivulets humains avant les noires crues,
Des heures d’insane et cruelle activité.

Et j’erre, tout le jour, à l’aventure,
Dans les remous de la foule brutale,
Jusqu’à l’heure où ses grondements se font murmures,
En le mystère de cette vesprée florale
Dont les lilas bleuis et pâles
Sombrent dans les ruisseaux, étroits miroirs ignobles,
Qui reflètent, de nouveau, le ciel !