Page:Nazelle - Étude sur Alexandre Vinet, critique de Pascal, 1901.djvu/196

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remment dans chaque conscience individuelle. Le sentiment religieux est chose immédiate, mais seulement pour celui qui le ressent, en un mot il est d’ordre essentiellement subjectif.

Mais alors une critique fort grave du système de Pascal et de Vinet se présente, critique qui aurait les conséquences les plus fâcheuses pour ce système s’il ne pouvait y répondre victorieusement. Si le sentiment religieux est par essence subjectif, il n’y a pas de Vérité en soi, au point de vue religieux. Il y aurait des vérités personnelles, individuelles, pas de vérités universelles. La Religion deviendrait une pure affaire de sentiment personnel et il risquerait d’y avoir autant de religions différentes que d’individus.

A cette objection on peut répondre que le même fait peut être saisi différemment par diverses personnes, sans cesser pour cela d’être identique à lui-même. Même pour les choses reconnues universellement, il n’y a pas toujours identité dans la manière de les concevoir et de les exprimer. Ici se présente une nouvelle difficulté. Les. faits d’ordre religieux ne peuvent être identifiés avec les principes premiers, ils leursont seulement analogues dans leur mode de perception. Mais alors il se trouverait qu’en dehors des axiomes et des principes universels, il y aurait encore d’autres principes ou d’autres faits qui seraient soustraits aux procédés ordinaires de con-