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Page:Necker - Opinion, Relativement au Décret de l'Assemblée Nationale, concernant les titres, les noms, et les armoiries.djvu/5

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PROJET D’OBSERVATIONS.


LORSQUE le bien général l’exige, on eſt ſouvent obligé d’impoſer des ſacrifices à une claſſe particulière de citoyens ; cependant, même à ce prix on ne doit le faire qu’avec ménagement & circonſpection, tant il eſt dangereux d’enfreindre en aucun point les droits que donne la poſſeſſion, & de porter quelque atteinte aux règles ordinaires de la juſtice.

Si telle eſt la rigueur des principes qui régiſſent l’ordre social, on ne doit pas, à plus forte raison, ordonner des privations dont il ne réſulte aucun avantage réel pour perſonne.

Lorſqu’une des portions de la ſociété a perdu les priviléges dont elle jouiſſoit dans la répartition des Impôts, lorſque l’étendue de ſes revenus a réglé la meſure de ſa contribution aux charges publiques, ces nouvelles diſpoſitions, en portant préjudice à quelques-uns, ont favoriſé le grand nombre.

Lorſqu’on a ordonné l’abolition de la partie des Droits féodaux, qui conſiſtoit dans une ſorte de ſervage, & qui aſſujettiſſoit à des obligations pénibles ou humiliantes la claſſe la plus nombreuſe des citoyens, l’avantage du peuple eſt encore devenu le réſultat des privations particulières.

Lorſque la carrière des charges & des emplois a été ouverte à tous les François, la Nation a gagné ſans doute à la deſtruction des barrières qui bornoient ſes eſpérances & ſon ambition, & qui circonſcrivoient dans un ordre