Tu ne pouvais trouver plus mauvais argument !…
Il est depuis longtemps sorti de ma mémoire,
Ce rêveur demi-fou, qui s’obstinait à croire
Qu’il trouverait au loin, dans la terre, un trésor,
Et nous abandonna pour le pays de l’or !
Un père !… qui partit, ne laissant à ses filles
Qu’un peu de terre, et qui, par-delà les Antilles,
Dans un pays lointain, coupable et négligent,
Sans plus songer à nous, gaspilla son argent
À poursuivre là-bas des tentatives folles !
Pauline ! s’il te plaît, ménage tes paroles !
Notre vieux père, ici, fut toujours respecté !
Sous notre toit, qu’il ne soit jamais insulté !
Votre toit ?… Cette fois, Rose, laisse-moi rire !
Votre toit !… Tu peux bien te presser de le dire,
Car… votre toit… demain, ne sera plus à vous !
En tous les cas, ce soir, il est encore à nous !
Si tu n’as pas le cœur de respecter ton père
Qui partit vaillamment affronter la misère
En de lointains pays ! Qui s’en alla braver
La mer et le désert, pour tenter de trouver
De l’or pour ses enfants !… Qu’importe ta menace !
Je suis ici chez moi, Pauline !… Et je te chasse !!!
Soit ! vous pouvez gronder et faire le vilain,
Mais ce sera mon tour de vous chasser demain !
Arrêtez !… À combien se monte la facture ?…
Vous n’avez pas besoin d’avoir cette figure !…
Dites-moi simplement combien il vous est dû,
Et, sans plus hésiter, préparez le reçu.
Il faudra vous soigner sans tarder, mon pauvre homme ;
Est-ce que par hasard, vous possédez la somme ?
Combien ?