Page:Nemo - L’Amitié, 1884.djvu/56

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bonheur, sa vie, est le déchirement de deux existences.

Pour celui-ci, c’est le vide, l’abattement, la souffrance, une vie décolorée ; pour celui-là, tout croule au départ : satisfaction, contentement, son même bonheur. Il lui semble sortir de l’univers. Ni l’éclat et le prestige du monde, ni son entrain enivrant, ne sont capables de le distraire.

Dans un festin somptueux et splendide, sur les bancs d’une brillante et pompeuse académie, sur tout autre éblouissant théâtre, ce souvenir le suit, fût-il sur les marches du trône, par la pensée, il est avec son ami, fût-ce ce dernier sous le chaume d’une cabane ou dans l’antre des forêts.

Pour l’un comme pour l’autre a disparu le centre doux et tranquille de charmes, mais rien n’en saurait détacher. C’est le lierre entourant l’arbre renversé.

Si la cause est une injustice ou une bizarrerie ; si, sans motifs, ils ne se peuvent voir, la peine est profonde, plus que le trépas peut-être. Que l’on meure, c’est l’inéludable loi.

Après, elle est cruelle l’impérieuse nécessité de rester dans le train ordinaire de la vie. On ne peut même observer la convenance qui, pour la perte du plus indifférent des parents, impose un temps de retraite.