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Page:Nerciat - Contes saugrenus, 1799.djvu/34

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Le Comte. (gracieusement.) Pourquoi, belle méchante : quand l’occasion se présente si naturellement d’avoir ensemble une explication, et de nous reconcilier sans doute, pourquoi ne voudriez vous point en profiter.

Mlle. Desaccords. On ne se reconcilie qu’après s’être brouillés ; et l’on ne se brouille qu’après avoir été en relations. Or comme Dieu merci je n’en eus jamais avec vous…

Le Comte. D’agréables soit : mais par votre faute, mon cœur. Vous allâtes en vraie provinciale, me prendre en grippe parcequ’on vous a redit que, consulté chés la petite Duchesse sur votre talent pour la harpe, je dis que vous en pinciés d’une grande force. Que diable ! c’était Tireneuf qui m’avait conté cela : je n’avais eu moi, jamais l’honneur d’être enseigné par vous : d’ailleurs en puis-je moi si de mauvais plaisans ont fait dégénérer en épigramme un rapport tout simple qui ne devait exprimer que votre éloge !

Mlle. Desaccords. Encore une fois, Monsieur, brisons sur tout cela, les sots propos de quelques désœuvrés à mauvaise langue parmi lesquels il est assés étrange d’avoir à compter un homme de votre état, m’ont forcée à quitter tout ce que j’avais d’écoliers, pardonnés moi de n’aimer pas à rencontrer, chés mes écolières, de vrais ennemis donc la barbare goguenarderie peut n’aboutir à rien moins qu’à m’ôter le pain de la main.

Le Comte. Il y a tant de moyens d’en gagner, ma chere belle, quand on a vos charmes et votre esprit : (il sourit.)

Mlle. Desaccords. J’espère Monsieur, que vous allés cesser un entretien dont je ne puis qu’être fort offensée. Je vous céderais assurément la place, si je n’étais pas ici par devoir. Mde. de la Grapinière sera fort étonnée, je vous en avertis, d’y trouver quelqu’un à l’heure où je dois l’occuper, et vous allés être cause que ses gens seront bien grondés.

Le Comte. Ces drôles là ! oui, sans doute d’avoir voulu re-