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Page:Nerciat - Contes saugrenus, 1799.djvu/78

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Un message invite M. de Pillensac à venir prendre, le verre à la main, sa part du plaisir extrême qu’a causé le retour subit d’un frère chéri &c… Pillensac accepte… à deux heures on le verra : un quart d’heure auparavant les esprits familiers du génie, traiteurs, sommeliers et autres, ont accouru chargé de tout ce qui est de leur ressort… Bref tout se passe à merveille. Pillensac est enchanté du frère ; après une journée passée dans les plus bruyans amusemens, terminée par une colation élégante, Pillensac disparait, laissant un rouleau de 50 louis sur une carte, au dos de la quelle est écrit „ avec priere à Mlle. Victoire de faire agréer cette bagatelle à Mr. le Chevalier, four commencer à lui former une garderobe

Mlle. de Franchemotte. A moins d’avoir un cœur de tigre, Valère ne pouvait manquer de pardonner de toute son ame à cette femme là[1]

Le Chevalier. Et puis on est maître…

Mde. de Prudejoye. De garder à Paris l’incognito ? qu’en pensés vous ?

La Présidente. Je pense moi, que nous nous sommes trop long tems occupés d’autrui, au préjudice de nos propres affaires…

l’Abbé. J’ai beaucoup plus d’appétit que d’autre chose…

Mlle. Franchemotte. Vous êtes galant !…

Le Chevalier. Et moi, (baisant rapidement les trois dames) j’ai beaucoup plus d’autre chose, que d’appétit.

l’Abbé. Va pousser, à l’une des faces du sallon, un ressort qui lui est connu : tout aussitôt deux panneaux s’ouvrent et une table à deux

  1. On devine, au talent qu’a Mlle. Victoire de se faire bien entretenir malgré le menu détail de ses chaudes passades, qu’elle a vraiment le génie du métier, et ne peut manquer d’y faire fortune. Omne tulit punctum &c.


étages,