Page:Nerciat - Félicia.djvu/106

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afin de le radoucir, que je rendrais compte à Mlle Éléonore de sa fidélité, dont j’avais seulement voulu m’assurer pour savoir si je pouvais me mêler honnêtement de leur intrigue. Mais le butor prit la chose tout à fait du mauvais côté : il ne manqua pas de conter mon entreprise à Mlle Éléonore, qui, sous un prétexte frivole, me fit mettre honteusement à la porte.

« Pour me venger, j’appris par une lettre à M. le président tout ce que je savais et de l’intrigue avec l’officier et de celle avec Caflardot. Mais il y a grande apparence que le père, qui n’est pas fort délicat sur l’honneur, et qui fait bien, car il est rare dans sa maison, je pense, dis-je, que ma lettre força Mlle Éléonore de tout avouer à son écervelé de père, qui la seconda de son mieux pour que leur honte demeurât secrète. Heureusement, j’ignorais alors que Mlle Éléonore fût grosse ; sans quoi, je n’aurais pas manqué d’augmenter de cette grave circonstance ce que je me plaisais de publier partout. Je me rendis si odieuse par mes médisances que, menacée d’être renfermée à la sollicitation du président, et devant d’ailleurs songer à mes couches, je m’en fus à Paris, où je savais qu’une jolie fille trouve aisément des ressources et de l’appui contre les tentations des petits persécuteurs. »




CHAPITRE VI


Méprise de M. Caffardot.


Quoique je ne haïsse pas les médisances, parce que pour l’ordinaire elles amusent, néanmoins celles de Thérèse me choquèrent un peu ; sa hardiesse m’étonnait. Je lui demandai comment elle avait osé venir dans une maison où elle