Page:Nerciat - Félicia.djvu/171

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le beau jeune homme, un valet et notre postillon unissant leurs efforts, la berline fut tirée du bourbier. Tout commençait à être en bon ordre, lorsque notre cher Anglais sentit enfin qu’il avait lui-même une blessure. Heureusement elle était légère. Il y fit mettre ce qu’il fallait et remonta dans sa voiture. Nous reçûmes le beau jeune homme dans la nôtre, où il y avait une place, et nous nous remîmes en route.

Bientôt nous retrouvâmes notre postillon et le laquais qui revenaient accompagnés d’une foule de villageois, de quelques hommes bleus et d’un noir. Nous demandâmes ce que signifiait cet attroupement ; le postillon nous dit que les soldats qu’il avait envoyés venant de commettre plusieurs excès dans le village, il avait prévu qu’ils ne manqueraient pas de nous insulter, qu’en conséquence, il amenait main-forte et la justice en cas de malheur ; mais ce secours fût venu trop tard sans l’heureuse apparition des Anglais. Nous contâmes ce que nous venions d’essuyer : nos gens revinrent avec nous sur leurs pas. Le reste de la troupe poussa jusqu’au lieu du délit, après que l’homme noir eut reçu nos dépositions.

En effet, tout le monde était en alarme dans le village où nous prîmes des chevaux. Les coquins avaient pillé le cabaret, battu l’hôte et mis les servantes à mal. Le nombre en avait imposé. Ils s’étaient retirés sans obstacles.

Cependant le bruit de notre aventure ne fut pas plus tôt répandu que l’on accourut de toutes parts. Nos voitures furent investies. Le curé vint nous féliciter fort platement. Un petit gentilhomme désolé, qui revenait de la chasse, s’empressa beaucoup et nous persécuta pour nous engager à mettre pied à terre chez lui. Nous refusâmes. Il jurait, foi de capitaine de milice, que s’il eût été au château avec la Fleur et Jacques, ses fidèles serviteurs, les choses ne se seraient pas passées si tranquillement ; puis il fallut endurer l’histoire fastidieuse de vingt bagarres de village où ce vaillant hobereau devait avoir fait des prodiges. L’Anglais se tirait d’affaire à merveille, feignant de ne pas