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Page:Nerciat - Félicia.djvu/176

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porte en dedans, malgré les verrous, et m’a tiré, non sans peine, des mains du forcené, qui, dans l’égarement de sa passion, ne pouvait lâcher prise ; je me suis évadé pendant que ces animaux féroces s’accrochaient avec la dernière fureur. Dans l’instant, toute la maison a été sur pied. Je visais à m’échapper, j’ai eu ce bonheur à la faveur de la confusion générale, les portes s’étant trouvées par hasard ouvertes.

« Je suis aussitôt sorti de la ville, n’ayant pour tout bien que ce que vous voyez sur mon corps et quelques sous que j’ai dépensés à ma première halte. Après avoir fait ensuite une longue marche sans reprendre haleine, j’ai rencontré ces soldats qui tenaient la même route que moi ; nous avons fait connaissance : ils m’ont proposé de servir. La misère me pressait, je n’ai point hésité. Nous avions déjà bu ensemble à la santé du roi ; et, le soir, je devais signer un engagement. »




CHAPITRE IV


Beau procédé de Sylvina.


Sans doute il était mal à nous de rire d’une histoire aussi malheureuse, mais ce principal et ce régent, entêtés pour l’amour de notre Ganimède, nous avaient paru si comiques que nous n’avions pu contenir nos éclats. Le pauvre petit, déconcerté, la larme à l’œil, se taisait et n’osait plus nous regarder ; nous soutînmes toute l’étendue de notre impertinence. J’allais tâcher de la réparer quand Sylvina prit la parole : « Aimable et généreux Monrose, dit-elle en lui donnant la main d’un air caressant, pardonnez un moment de folie qui n’a rien de commun avec l’intérêt dont vos aventures sont faites pour pénétrer toutes les âmes sensibles.