Page:Nerciat - Félicia.djvu/215

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lui appliquer sur les fesses un bon coup du plat de ma main ; en même temps je poussai la porte et, tournant la clef, je les enfermai. Pendant que les pauvres gens étaient, l’un fort surpris, l’autre fort effrayée, je regagnai tranquillement ma chambre et me mis au lit.




CHAPITRE XXI


Conversation moins obscène pour le lecteur
que pour les interlocuteurs eux-mêmes.


La malice d’enfermer d’un côté le couple libertin n’ayant eu pour objet que de favoriser ma retraite, Thérèse put à son tour s’esquiver sans peine par le dégagement de la garde-robe. Le lendemain il fut beaucoup question de l’aventure nocturne du chevalier. Il eut beau se plaindre d’avoir été lutine et claqué, on le traita de visionnaire. Il n’eût tenu qu’à lui de faire appuyer sa narration par un témoin, mais il n’en fit rien. Personne n’y ajoutait foi. Sylvina seule inclinait à croire qu’il pouvait y avoir des revenants. — Pour moi, dit Soligny, je n’ai pas peur. J’ai près de moi le brave Monrose ; si les esprits me livrent la guerre, je n’hésiterai pas de l’appeler à mon secours. — Je ne suis pas non plus fort peureuse, disait Mme Dorville ; nous ne sommes pourtant que deux femmes dans l’appartement. — Et moi donc, qui suis seule, interrompit Sylvina, je n’oserai plus me coucher. — Monseigneur souriait, Sydney faisait un peu la mine, ne doutant plus que la lutinerie ne fût un de mes tours. Je vins cependant à bout de le rassurer, ayant trouvé le moyen de lui apprendre pourquoi j’avais fait la folie d’aller chez le chevalier, et comment il n’était pas seul. — Vous verrez, mesdames, disait d’Aiglemont, qu’on sera forcé de faire venir ici garnison pour vous garder ; car si nous nous offrions, vous craindriez poliment