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PREMIÈRE PARTIE




CHAPITRE PREMIER


Échantillon de la pièce.


Quoi ! c’est tout de bon, me disait, il y a quelque temps, un de mes anciens favoris, vous écrivez vos aventures et vous vous proposez de les publier ! — Hélas, oui, mon cher : cela m’a pris tout d’un coup comme bien d’autres vertiges, et vous savez que je ne m’amuse guère à me contrarier. Il faut tout dire, je ne me prive jamais de choses qui me font plaisir. — Vous en avez donc beaucoup à composer votre roman ? — Beaucoup : je vais passer et repasser mes folies en parade, avec la satisfaction d’un nouveau colonel qui fait défiler son régiment un jour de revue ; ou, si vous voulez, d’un vieil avare qui compte et pèse les espèces d’un remboursement dont il vient de donner quittance. — C’est beaucoup dire, mais, entre nous, quel est votre but en écrivant ? — De m’amuser. — Et de scandaliser l’univers ! — Les gens trop susceptibles n’auront qu’à ne pas me lire. — Ils y seront forcés, car votre petite vie… — Courage, monsieur, dites-moi des injures… Mais vous avez beau me blâmer, je veux griffonner, et si vous me mettez de mauvaise humeur… — Oh ! oh ! des menaces ! Et que ferez-vous ? — Un petit présent ; c’est à vous que je dédierai mon livre, à vous ; bien entendu qu’il y aura au frontispice, en toutes