Page:Nerciat - Félicia.djvu/249

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meurtrier de M. de Kerlandec, on procéda contre moi. Cependant je guéris, et l’on me transféra enfin à Paris pour y être confronté. J’eus horreur de paraître en criminel devant une femme à qui, moins malheureux, je n’aurais pas fait déshonneur comme époux. Pendant la route, je séduisis mes conducteurs et m’échappai.

« Depuis ce temps, errant, dévoré de chagrins et d’inquiétudes, j’ai parcouru toute la France ; j’allai enfin à Paris, voulant y mourir après avoir vu une dernière fois Mme de Kerlandec. Mais, le jour même de mon dernier acte de désespoir, je la rencontrai sur la grande route. Elle s’était arrêtée dans une auberge. Je reconnus devant la porte ses armes sur le panneau de la voiture. J’entrai sans me faire voir. Je la vis à mon aise, un peu défaite, mais toujours la plus belle femme de l’univers. Je ne sais où elle allait, je ne m’en suis pas même informé. Mon dernier désir satisfait, je voulais mourir.

« Le reste vous est connu, madame, vous rendez encore une fois à la vie un homme que le sort semble ne conserver que pour avoir le plaisir de le persécuter. Si vous aviez su tout ce que je viens de vous révéler, auriez-vous eu la cruelle bonté de faire prendre soin d’un reste de funestes jours ? »




Fin de la troisième partie.