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LE DIABLE AU CORPS.


à ne pas lui rire au nez, quand il se plaint de mon insensibilité physique, et les excite à me monter un peu la tête.

LA MARQUISE.

La drôle de folie !

LA COMTESSE.

Autre sottise bien favorable à mes lubriques inclinations. Mon fier tuteur ne conçoit pas qu’un homme de rien, un être en servitude, (c’est ainsi qu’il définit nos gens) puisse jamais intéresser une femme d’un état noble. Il croit que la disproportion du rang suffit pour empêcher tout personnage vulgaire d’élever ses vues jusqu’à moi. Je me fais donc habiller, déshabiller, mettre au bain, essuyer, frotter, nue comme la main, devant lui, ou sans lui, n’importe ; il est incapable, à cet égard, du moindre soupçon jaloux. L’autre jour, tandis qu’il lisait la gazette près de ma croisée, Zamor, sous prétexte de me passer ma chemise, m’enfilait, nue, dans mon alcôve…

LA MARQUISE.

Zamor ! ce superbe negre qu’il a payé si cher pour vous l’offrir ?… il vous a ?

LA COMTESSE, froidement.

Ou je l’ai ; comme il vous plaira : fort à votre service, si vous pouvez en être tentée… Parlez ?

LA MARQUISE.

Un negre, ma chere ! y pensez-vous ? Et s’il arrivait qu’on devînt grosse ?

La