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LE DIABLE AU CORPS.

LA MARQUISE.

Tu voulus, bien entendu, savoir quelles étaient ces formalités ?

LA COMTESSE.

Il fallait prendre quelques gouttes de l’élixir en question sur un morceau de sucre, mais au grand air, à cause de sa violence ; après quoi garder dans sa bouche un peu d’eau commune. Bientôt l’effet confortatif se faisait sentir…

LA MARQUISE.

C’est-à-dire, qu’on bandait bien fort ?

LA COMTESSE.

Vous y voilà. Pour lors, on profitait de ces brillantes dispositions, et l’on ne s’arrêtait que quand l’eau qu’on avait dans la bouche devenait brûlante : c’était le moment de reprendre l’air ; nouvelle dose d’élixir ; nouvelle bouchée d’eau ; nouveaux feux ; ainsi de suite, autant qu’on pouvait le vouloir, sans danger d’aucune inflammation, ni d’aucun épuisement.

LA MARQUISE.

La divine drogue ! Eh bien ?

LA COMTESSE.

Il fut résolu que la nuit de ce même jour nous ferions l’essai du merveilleux topique. En conséquence, je suis au lit beaucoup plutôt qu’à l’ordinaire. Tournesol, à qui notre petit mal-entendu ne m’avait point fait retirer ses clefs, pénetre, comme de coutume, jusqu’à

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