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LE DIABLE AU CORPS.

BELAMOUR.

Elle imagine qu’un clystere lui fera du bien, et j’en demeure d’accord : j’en fais volontiers les préparatifs. Mais je suppose qu’elle saura le prendre elle-même ; qu’elle a, pour cela, le meuble convenable… Point du tout. De tems immémorial, on n’a pris de lavement, dans la famille Cornu, qu’au moyen d’une vessie remplie du fluide salutaire ; fortement liée ensuite à une canulle de bois, puis pressée, tordue, jusqu’à concurrence d’une transfusion totale dans les intestins du malade ; or, ce procédé, peu facile et peu commode, exige un second ; il faut absolument (ou M.me Cornu peut crever) que je sois ce second officieux. Je donne de bien bon cœur l’indigestion et la gourmande à tous les diables ; mais je suis Humain : voyons à soulager M.me Cornu. Sensible à ma complaisance, pressée du besoin de guérir, n’entendant pas apparemment finesse, dans un moment aussi sérieux, à dévoiler ce qu’il fallait qu’elle montrât, voulant me donner d’autant plus de facilité…

LA MARQUISE.

Pour être baisée, mon ami. Je ne suis point la dupe de cette indigestion-là. Cette femme brûlait d’envie que vous le lui missiez, et voilà tout.

BELAMOUR.

Si par hasard c’était son dessein, du moins je ne m’en doutais pas. Quoi qu’il en soit, la voilà postée, sans façon, jambe deçà, jambe