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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/491

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LE DIABLE AU CORPS.


quise, qui depuis plus d’une heure avait à peine donné quelques signes de vie, ne se met-elle pas à soupirer profondément… Elle bâille à faire horreur ; sort, à moitié, du lit, étend les bras ; soupire encore, et dit, du ton d’une personne qui jouirait de toute sa connaissance : — Oui… je me sens vraiment… touchée… attendrie… pénétrée ! — Hilarion, au comble de l’étonnement, suspend la cérémonie, se tait, et, cependant, sensiblement flatté, se persuade que la mourante, tandis qu’elle paraissait anéantie, se recueillait, goûtait le sublime de l’instruction pastorale, était touchée du coup de la grace ; attendrie par l’éloquence dont il venait de faire preuve ; pénétrée de contrition et d’amour divin… Elle ajoute : — Dès le premier moment, je te l’avoue, j’ai souhaité de t’inspirer du goût pour moi. — Ceci, ma foi, fait venir au révérend Pere une bien autre idée ! — Ouais !… me reconnaîtrait-elle ? aurais-je eu le bonheur… — Le Capucin en fonctions religieuses a disparu. L’homme de chair le remplace et commence à faire un luxurieux calcul. — Quel dommage (se dit-il) que ce précieux sentiment n’existe que dans le cœur d’une femme infecte, défigurée, et près de rendre l’ame !… Elle était si belle lorsqu’elle me fit une ineffable impression !

La