Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/495

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
180
LE DIABLE AU CORPS.


se trouve accrochée à la ceinture de corde du vilain homme : il veut s’éloigner avec brusquerie… Aussi brusquement la pauvre femme se trouve plus qu’à moitié hors du lit… — Le cafard a cependant l’instinct d’empêcher qu’elle ne tombe jusqu’à terre ; un genou qu’il oppose en ployant la cuisse, pare la chûte ; mais un pied charmant, une jambe (encore d’une grande beauté, quoique maigrie), toute une cuisse de forme divine… Bien plus, le noir entier de cette cible d’amour qu’on sait avoir été, chez notre bien-aimée, si souvent frappée du coup de broche… Tous ces trésors sont à découvert ; et c’est l’ouvrage du mouvement de colere que s’est permis le brutal Hilarion… Ciel ! quel changement s’opere dans son esprit, à la vue magique de tant de charmes ! En vain, sur leur ivoire un peu jauni, voit-il une quantité de vilaines taches, redoutables par le poison subtil que recelent leurs brûlans foyers ; Hilarion est homme et Capucin : s’il avait adoré mentalement tout cela sans avoir pu se faire une juste idée d’une aussi haute perfection ; l’ayant vu, pourrait-il… — Le cri de l’amour-propre offensé ne se fait plus entendre… Le Pere est dans un de ces momens de dispositions frénétiques où tout con est un Dieu qui doit voir à l’instant l’encens qu’il aime, fumer sur ses autels. Disons, si l’on veut, qu’il n’existe plus d’Hilarion humilié, dégoûté, que